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YOGA : une mode très tendance, une science trop méconnue ..

Sans entrer dans l’énumération pathetique des différents styles de Yoga apparus ci et là et qui n’ont de Yoga que le nom, parce que c’est tendance... il faut néanmoins dès à présent clarifier quelques points : la pratique des postures n’a pas pour but de vous rendre capable de vous gratter derrière l’oreille avec votre gros orteil, et la méditation ne consiste pas s’asseoir en tailleur dans un état proche de l’auto-hypnose..


Dans les deux cas, ce n’est ni Wikipédia ni un magazine aussi documenté soit-il qui vous aidera. Le plus important, comme pour tout apprentissage si l’on veut qu’il soit sérieux, utile et qu’il nous serve tout au long de notre vie, quelques soient les circonstances, c’est d’en comprendre les mécanismes, les tenants et les aboutissants afin de s’engager en conscience et de faire de la pratique une évidence et non une obligation.


Pour comprendre ce qu’est le Yoga, il faut plonger à la source : la tradition indovédique. Le Yoga est en effet une des six écoles de pensée (Darshana) de la tradition hindoue. Yoga vient de la racine sanskrite Yuj qui signifie principalement ‘unir’ d’où la définition la plus connue du Yoga : apprendre à unir l’individu au cosmos, l’âme individuelle (Atman) à l’âme cosmique (Paramatman). Le Yoga est donc avant tout une science de connaissance de soi et de développement spirituel dans le sens où sa pratique a pour but d’apaiser le corps, de clarifier le mental pour laisser jaillir, révéler la lueur de l’âme incarnée dans chacun d’entre nous.


Le Yoga est la mise en pratique des principes philosophiques du Samkhya, un autre des six Darshana. L’Ayurveda plonge également ses racines dans cette philosophie. Ces sciences partagent donc la même compréhension du fonctionnement de l’homme, de l’univers, ce qui les rend parfaitement complémentaires pour fournir d’excellents outils de connaissance de soi et de santé holistique (corps, âme, esprit).


Le Yoga remonte à plusieurs milliers d’années. Il a été longtemps pratiqué dans une tradition ésotérique, du maître à l’élève et transmis de façon verbale uniquement. On en retrouve des traces dans les vestiges de Mohenjodaro. Située dans l’actuel Pakistan, cette cité antique appartenait à la civilisation de la vallée de l’Indus qui vécut entre 6000 et 7000 ans avant JC. La littérature de la tradition yogique s’est ensuite développée au fil des siècles : Svetasvatara Upanishad, Bhagavad Gita. Les Darshana apparaissent quant à eux vers le 3ème siècle après JC. La philosophie du Samkhya et sa mise en pratique par la science du Yoga remontent à cette période, tout comme a priori les Yoga Sutra de Patanjali même s’il est difficile de les dater avec précision. De grandes écoles apparurent ensuite : celle de Sankara, de Sri Caitanya, celle de Swami Svatmarama auteur du Hatha Yoga Pradipika au XVIème siècle.


Parmi les grands maîtres contemporains on peut nommer Ramakrishna, Krishnamacharya, Swami Sivananda, Paramahansa Yogananda, Sri Aurobindo.


YOGA CITTA VRITTI NIRODA

Le Yoga est l’arrêt des fluctuations du mental. Voilà ce qu’écrit Patanjali dans le premier verset des Yoga Sutras. Pratiquer une posture : Asana c’est mettre le corps dans une position stable et confortable afin d’amener le mental à s’apaiser à son tour grâce à la respiration. De cette façon et par la pratique, on parvient durant une posture à détacher les sens non seulement de l’extérieur mais aussi de l’égo, de nos fausses identités (je suis .. une femme, je suis .. une maman, je suis .. un boulanger) pour écouter notre vraie Nature, la voix de notre âme. Alors peu à peu, les changements s’opérent dans la vie, pour le meilleur.


Le Yoga classique est également appelé Ashtanga Yoga : le Yoga à huit branches, qui n’a rien à voir avec son homonyme qui a vu le jour en Californie il y a quelques années.


Le Yoga Classique, Ashtanga Yoga se base sur un socle philosophique, une éthique (Yama et Niyama), puis s’articule entre différentes étapes de plus en plus subtiles : Asana (postures), Pranayama (contrôle du souffle), Pratyahara (retrait des sens), Dharana (concentration), Dhyana (Méditation), Samadhi (Eveil), le retour à l’état de non séparation : Yoga. Le but est donc non pas de faire du Yoga mais d’être Yoga.


Méditer c’est apprendre à se détacher de nos conditionnements. En effet, au plus profond de notre mental, le plus souvent dans l’inconscient, sont enregistrées un nombre infini de pensées latentes (Samskara) qui influencent nos actes et nos pensées sans que nous nous en apercevions, ou alors trop tard pour que nous puissions annuler leur influence sur notre quotidien. Bien souvent nos réactions ou nos choix sont influencés par des expériences vécues dans le passé, qu’elles soient bonnes ou mauvaises, celles-ci s’accumulent dans notre mémoire (vous avez sans doute vu le film Vice Versa où les billes aux couleurs des émotions se rangent méticuleusement dans les canaux de la mémoire).


La méditation est une technique permettant aux Samskara de refaire surface, et une fois que ceux-ci remontent à la surface et que nous en prenant conscience, ils s’éliminent d’eux-mêmes emportant avec eux l’influence qu’ils avaient inconsciemment sur nous. Cela semble simple en apparence mais ça l’est beaucoup moins en réalité. C’est pourquoi Patanjali a pris la peine de rédiger ce traité incontournable qui décrit précisément chaque étape.


Et pour commencer Yama et Niyama, les attitudes cohérentes à adopter envers soi et envers les autres dans le quotidien. Pourquoi est-ce nécessaire de passer par là ?

- pour donner tout son sens à sa pratique et ne pas agir de manière dogmatique, aveugle

- pour ancrer dans le réel le principe un peu ‘baba cool’ du ‘tout est un’. Facile à dire, mais pas si facile à faire, surtout quand on doit partager ce ‘tout’ avec 7 milliards d’individus et combien d’autres milliards de créatures ! Pour rendre cette théorie vivante, pour qu’elle parle aussi bien à notre cœur, à nos sens, à notre intellect et qu’elle nous accompagne toute notre vie, il faut une discipline (Sadhana) basée sur des exercices (Abhyasa) et une volonté de se détacher des automatismes (Vairagya).

- pour générer moins de souffrance, moins de chaos, plus d’harmonie car ce que nous faisons à nous-même nous le faisons aux autres. Pratiquer c'est montrer aux autres que c'est possible, donner envie de faire la même chose.

- faire du 'bon Karma' chaque action génère de façon systèmatique et mathématique une réponse de même nature. Le Karma n’est pas le fruit de la colère d’un Dieu, il fait partie du système, tout comme le feu brûle et que l’eau mouille.


Yama et Niyama : dix attitudes : les ‘5 oui’ et les ‘5 non’ , les 5 règles à observer pour soi, les 5 principes à respecter dans nos rapports avec les autres. Comme le dit mon professeur de psychologie védique, il s’agit un peu des règles de copropriété ! Il est important de les suivre afin que la vie en communauté se déroule harmonieusement et que notre vie sociale reflète notre recherche intérieure et notre démarche de développement spirituel. Pour paraphraser Leibnitz, vivre en respectant Yama et Niyama c’est vivre dans ‘le meilleur des mondes possibles’. Le développement personnel n’est pas une démarche farfelue, égoïste ou 'bisounours'.Au contraire elle doit faire appel au cœur, aux sens, à l’intellect et elle doit bénéficier au pratiquant comme à ce qui l’entoure, sinon c’est que l’on fait fausse route.


C’est pourquoi il me paraît essentiel avant tout d’exposer les règles pour les comprendre et décider en pleine conscience d’y adhérer ou non. En effet, emprunter la voie du Yoga ne doit pas être dogmatique. Pour tirer tous les bienfaits de la pratique, il est nécessaire de partir sur de bonnes bases théoriques et de connaître les outils, la manière optimale de les manipuler.


Il n’est jamais trop tard pour s’y mettre ! Même si l’on y connaît rien, même si l’on n’est pas souple ... l’important est d’avoir envie d’améliorer son rapport avec Soi, avec les autres, avec ce qui nous entoure et d’être prêt.e à ne pas s’arrêter aux mots mais à pratiquer, pratiquer, pratiquer.


Le premier Yama est AHIMSA, traduit souvent par ’non violence’ mais que l’on peut plus précisément traduire par ‘ne pas nuire’. Ne pas nuire, on se sent pas tout de suite concerné, mais finalement on l’est toujours et plus qu’on le pense. La violence est malheureusement souvent dans nos pensées, nos paroles, nos jugements, nos comportements. Combien de fois peut-on regretter des mots dits sous l’emprise de la colère ? Ahimsa c’est aussi la violence envers soi-même ... il arrive souvent d’être très intransigeant envers soi-même, d’oublier nos limites ou tout simplement de ne pas écouter les messages du corps et de l’esprit face à une situation stressante ou inappropriée où finalement on se fait involontairement du mal. AHIMSA c’est aussi bien sûr le respect de tous les êtres vivants et cela passe par une alimentation idéalement végétarienne. Là aussi, il convient de procéder par étape, non seulement pour éviter les carences mais aussi pour réellement intégrer cette démarche dans notre quotidien le plus possible et ainsi créer des vocations autour de nous ... la frustration ne motive personne et finit toujours par être contre-productive.


En ces jours compliqués, on peut également se rappeler que AHIMSA ‘ne pas nuire’ .. ne pas nuire à soi, ni aux autres ni à ce qui nous entoure.. en tous cas en prendre l'engagement, et faire des choix plus conscients. Ahimsa c'est aussi prendre conscience que nous faisons partie d'un tout, que tout se que nous faisons pour nous résonne et fait du bien à ce qui nous entoure ... l'inverse est vrai aussi. A méditer ?..


Après cette approche théorique du premier Yama : AHIMSA, je vous propose de passer à la pratique. Prenez un temps calme d’une demi heure ou plus si vous le souhaitez. Installez-vous confortablement et prenez une feuille et des crayons, des feutres, allumez une petite bougie pour un petit concentré de Yoga :

Asana (posture) : asseyez-vous en tailleur et le dos bien droit

Pranayama (Respiration) : faites quelques respirations profondes pour être dans le moment présent

Pratyahara (retrait des sens) : encore deux respirations profondes les yeux fermés pour vous couper de ce qui est autour de vous


अहिंसा


Dharana (concentration) : Commencez à faire un petit exercice de calligraphie en caractères romains et en caractères devanagari de AHIMSA. Commencez simplement puis laisser filer votre inspiration, votre créativité autour de ces formes. Puis commencez à noter sur cette feuille ce que représente Ahimsa pour vous, et ce que vous pouvez mettre en place au quotidien pour développer ce principe et l’ancrer dans votre pratique.

Dhyana (Méditation) : enfin, posez le crayon, fermez les yeux et visualisez la parole Ahimsa ou une image paisible ou concentrez-vous sur Ajna Chakra, situé entre les yeux pour une méditation finale, le temps que vous le souhaitez.


Belle pratique à vous ! N’hésitez pas à me faire part de vos ressentis.

A bientôt !

Prenez vien soin de vous !

Anne






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