LA SANTE selon AYURVEDA
- anne vanackère
- 16 avr.
- 9 min de lecture
pourquoi ‘ne pas être malade' ne signifie pas 'être en bonne santé’

J'ai eu la chance d'étudier et de travailler pendant plus de dix ans auprès de médecins ayurvédiques au Kerala. Je participais aux consultations des patients français en tant que consultante afin de les aider à intégrer l'approche ayurvédique pour participer aux soins en conscience et pour apprendre les bonnes habitudes à garder une fois de retour chez eux... Un fantastique poste d'observation du travail des Vaidyas ! Il est arrivé très souvent qu'à la première question 'quel est votre état de santé actuel' la personne réponde 'tout va bien' mais qu'au fil de l'examen et des questions du médecin la liste des petits soucis s'allonge considérablement .. on ne peut rien cacher aux 7 à 10 étapes du diagnostic ayurvédique (Pareeksha) .. voilà pourquoi ..
On traduit généralement Ayur par vie et Veda par science ; avec la pratique, même si les racines sanskrites sont différentes, cette interprétation m’est venue à l’esprit : Ayur : être Veda : savoir. L’Ayurveda est un savoir-être, savoir qui on est, savoir être Soi, savoir être à sa place dans l’Univers.
Qui sommes-nous en effet ? La philosophie hindoue nous apprend que nous sommes une âme incarnée (Jivatman). Notre corps et notre mental constituent quant à eux notre véhicule pour vivre au mieux cette incarnation. Tout comme vous faites la révision de votre voiture, vous devez aussi vérifier régulièrement que corps et esprit sont en bon état de fonctionnement .. mais entre deux vidanges, vous mettez de l’huile, de l’essence, et vous lavez votre voiture .. sinon c’est directement casse moteur et pièces de rechange. Alors pourquoi ne pas apprendre également à prendre soin de votre corps et de votre mental grâce à un ‘savoir-être’ adapté, à ressentir et repérer les signaux d’alerte, à les comprendre pour y remédier facilement, naturellement et efficacement?
En effet, il arrive fréquemment que l’on ait des ‘baisses de régime’ ou des ‘coups de fatigue’ sans en être vraiment malade, sans penser à aller chez le médecin : tout le monde n’est-il pas fatigué, stressé, et souffrant de mal de dos de nos jours ?? On parle pour certaines pathologies de maladies chroniques ou de maladies du siècle sans y apporter de réelle réponse, en laissant les personnes qui en souffrent au mieux dans leur état, ou avec des traitements inefficaces quand on ne les prend pas pour des malades imaginaires.
C 'est dans cet espace que l'Ayurveda intervient, en prévention pour remettre au plus vite la personne en état de santé optimal, le corps en capacité d'ajustement et d'équilibre quelque soit son environnement.
La notion de santé ayurvédique est holistique : elle implique un équilibre aussi bien au niveau du corps, du mental, des sens, de la spiritualité et d’un état d’esprit positif et satisfait.
En Ayurveda, on ne passe pas de la santé à la maladie en un jour. Le procédé est long, il est aggravé par des mauvaises habitudes de vie, un non respect des règles de compatibilité entre nous et ce qui nous entoure, nous nourrit, nous influence, en raison de la méconnaissance de celles-ci. Ne pas avoir de symptômes ou de résultats d’analyse anormaux ne signifie pas pour autant être en bonne santé, il existe une multitude de signaux apparemment anodins qui montrent que nous faisons fausse route.
Au niveau du corps physique, selon les principes de l’Ayurveda, la maladie se développe en 7 stades différents depuis une variation des Dosha,(énergies du corps) : à ce stade pas de symptômes mais peu à peu la personne ressent une baisse de forme voire des petits problèmes chroniques sans gravité. Puis plus ou moins lentement, le problème remonte en surface, jusqu’à l’apparition de symptômes d’une maladie avérée.
Lorsque les énergies sont dans leur état d’équilibre initial (en allopathie on appelle cela homéostasie) nous sommes ‘dans’ notre Nature ou Prakriti en sanskrit. Lorsque le déséquilibre apparaît, même légèrement, nous passons au stade de ‘non santé’ : Vikriti qui, si elle s’aggrave nous mènera au stade de la maladie.
Nous avons donc en Ayurveda un état entre santé et maladie : la Vikriti qu’on peut traduire par ‘non santé’.
Si l’on attend d'avoir des symptômes apparents d'une maladie, dernier stade pour intervenir, la détermination de la cause sera parfois plus difficile car tout le système sera perturbé, les traitements seront beaucoup plus longs et la régénération des tissus plus difficiles.
D’autre part, dans l’approche allopathique, on remarque souvent que le patient a une démarche passive : il se soumet à l’examen, répond éventuellement aux questions, ou se soumet simplement au test exécuté par une machine, puis attend le diagnostic et prend les médicaments prescrits.
L’Ayurveda repose quant à elle sur une totale collaboration entre le médecin et le patient. La consultation prend du temps car le premier écoute, observe et examine le second, il met en place un protocole de soins et/ou de règles à suivre et explique comment prendre les mesures qui éviteront à l’avenir que les problèmes réapparaissent. Le patient doit de son côté apporter des informations précises (combien de patients sont surpris qu’une consultation ayurvédique dure 1H et que les questions touchent aussi bien leur état de santé physique, émotionnel, spirituel, leur activité, leur vie sexuelle, la vie de famille ..).Il doit également s'engager à suivre les conseils donnés car bien évidemment ceux-ci ne fonctionnent que si on les applique : ponctuellement s'ils ont pour but de corriger un déséquilibre, mais en tant qu'art de vivre pour maintenir l'équilibre retrouvé car .. aux mêmes causes les mêmes effets ; si on refait les mêmes erreurs, les mêmes problèmes réapparaitront.
Grâce à cette observation bienveillante, le médecin ayurvédique va rechercher la cause du déséquilibre du corps et/ou du mental pour les ramener à l’équilibre. Ici les symptômes sont autant d’indices qui vont mener à la cause, il faut donc en tenir compte plutôt que de les éliminer. Tout comme la fièvre est le signal que votre corps met en place une réponse immunitaire à une agression, les symptômes indiquent qu’il y a un problème … et pas toujours à l’endroit où ils apparaissent !
Dans cette approche holistique, l’élimination des symptômes (qui sont la face visible de l’iceberg en quelque sorte) n’est que le résultat de la remise en équilibre du corps !
L’allopathie a une vision beaucoup plus fragmentée : un symptôme signale un dysfonctionnement d’un organe : on élimine le symptôme, on retire l’organe comme en atelier mécanique on remplace une pièce défectueuse ou cassée ou on remplace un filtre lorsqu’un voyant rouge clignote au tableau de bord.
L’Ayurveda quant à elle ne considère pas le symptôme comme un problème à éliminer mais comme un indice de dysfonctionnement qui permet de comprendre l’origine de celui-ci et donc d’y apporter des mesures correctives rapides et efficaces à long terme. Si le corps fonctionne à nouveau normalement, par conséquence les symptômes et le problème disparaissent. La logique est donc complètement inverse car elle va du plus profond au plus visible.
Bâillements intempestifs, peau sèche, rétention d’eau, irritabilité .. rien n’est là par hasard .. tout a une raison : vous inciter à corriger au plus vite des habitudes qui ne sont pas conformes à votre Nature, aux besoins de votre corps et de votre mental au plus vite et de la façon la plus autonome possible en apprenant des rituels de bien-être au quotidien (Dinacharya) qui vous aideront à être vigilants et responsable de votre santé au fil du temps.
Tout comme un garagiste vous conseille de ne pas attendre que le réservoir soit vide pour faire le plein, l’Ayurveda vous apprendra à ‘surveiller les niveaux’ et à faire le plein régulièrement pour ne pas être surpris par la panne.
La collaboration entre le patient et le médecin ayurvédique ne s’arrête donc pas à une consultation, une prescription ou un programme de soins puisque l’Ayurveda n’est pas simplement une médecine mais bien un système médical préventif et proactif qui considère qu’en tant que cocher du chariot qui porte l’âme à sa destination, nous avons le devoir de mener notre mission à terme : faire le plus agréable des voyages, et mener notre passager à destination.
En dehors des prescriptions de régénération ou de traitement, le Vaidya, médecin ayurvédique, aura des conseils spécifiques à donner pour maintenir la personne le plus possible dans son équilibre et donc dans un état de santé optimal.
C’est aussi à ce moment qu’intervient le rôle du consultant en Ayurveda qui sert de traducteur entre les conseils du Vaidya, parfois éloignés de nos habitudes, et le quotidien du patient. Le consultant aura alors un rôle de coach afin d’aider la personne à intégrer de bonnes habitudes de vie, petit à petit, en se fixant des objectifs et des priorités, en tenant compte des impératifs du quotidien, en boostant la motivation car les bonnes habitudes ne sont pas toujours faciles à prendre .. et à garder !
La médecine allopathique a permis de grands progrès, en urgence et en chirurgie notamment. Cependant, il ne faut pas nier qu’elle s’est fortement éloignée de la vision de l’homme et du caractère unique de chacun pour ne voir que la maladie et la façon systèmatique et ‘industrielle’ de la soigner. Une maladie égale un symptôme égale une molécule ou un protocole identique pour tous. Les méthodes ancestrales, tout comme la vision même de l’existence ont été rejetées sous prétexte d’empirisme sans fondement scientifique alors que leur approche considère chacun de nous comme unique et en tient compte aussi bien dans le diagnostic que dans le traitement.
D’autre part, l’Ayurveda qui prend ses racines dans les textes de Veda, fondements de ce que l’Occident appelle l’Hindouisme (mot qui n’existe pas en sanskrit) nous enseigne également une vision de la vie et de la mort, et le fait que celle-ci fasse partie de la vie, tout comme la maladie. C’est une erreur de penser que les Hindous sont ‘fatalistes’ et que le Karma est juste accepter les pires catastrophes comme résultats d’erreurs passées. Il y a en effet un grand pas entre fatalisme et acceptation. Les Vaidyas, médecins ayurvédiques, mobilisent toutes leurs compétences médicales mais également spirituelles, leurs qualités humaines pour accompagner les personnes dans la santé, dans la maladie et quand il n'est pas toujours possible de garantir une guérison. Grâce à la philosophie qui fonde l'Ayurveda et le Yoga, ces deux sciences offrent une autre perspective, apportent des réponses, des sujets de réflexion pour élever notre point de vue.
On me demande souvent si l’Ayurveda ‘guérit’ telle ou telle maladie. La réponse est simple : l’Ayurveda ne guérit pas une maladie, mais une personne, si tant est que cette personne soit en état/capacité d’être guérie. Accepter que les traitements ne soient pas systématiquement suffisants, accepter qu’il faille travailler non seulement sur le physique, mais aussi sur toutes les autres dimensions de l’être, qu'il faille se mettre en route sur un chemin de la connaissance de Soi et mettre en place un art de vivre cohérent, c’est aussi la vision de l’Ayurveda.
En conclusion, l'idée n’est pas d’opposer l’une et l’autre approche et de partir dans une surenchère de réussites dans tel ou tel domaine. L’intérêt est de combiner les deux approches, l’Ayurveda pouvant parfaitement remplir les missions de prévention et d’accompagnement que la médecine moderne laisse à on avis trop souvent vacantes (nutrition, relaxation et méditation, soutien psychologique et spirituel, fin de vie…).
L’Ayurveda est un système médical complet qui met au centre l’homme et non la maladie. Le but n’est donc pas de devenir hypocondriaque, spécialiste en bobologie ou de remplacer son médecin, simplement la prévention commence par l’observation ; l’observation de signes très simples permet de déceler les besoins du corps et d’y répondre. L'idée est de se maintenir en santé, voire de développer au maximum nos capacités pour changer notre façon de voir la vie, et de vivre une vie heureuse, enrichissante, utile …
Alors qu’en allopathie on cherche les symptômes d’une maladie, en Ayurveda on cherche à mettre la personne en état de fonctionnement optimal. Pour cela, un consultant en Ayurveda vous apprendra à observer votre corps et à maintenir les voyants au vert, vous orientera vers un médecin ayurvédique pour des soins régénérants ou curatifs lorsque cela sera nécessaire.
Les approches allopathique et ayurvédique sur l’homme, la santé et la maladie, le traitement sont bien différentes. Mais dans de nombreux domaines, il faut bien admettre que les derniers progrès en sciences, neuro-sciences, analyses de l’infiniment petit permettent de découvrir des principes … que les textes védiques connaissaient déjà il y plus de 3000 ans. Qu’il s’agisse des bienfaits de la méditation à la cause de l’apparition de l’univers, mais aussi dans la détermination de la nature d’une personne, des études récentes valident des savoirs anciens. Espérons que cela convaincra les plus récalcitrants de la valeur de l’Ayurveda tout en lui permettant de conserver ses spécificités afin de créer une complémentarité entre son approche avec celle de l’allopathie pour la santé du plus grand nombre.
Si vous souhaitez en savoir plus, n’oubliez pas
. de vous abonner aux newsletters pour ne rien râter des articles et des activités
. de liker, commenter et partager ce post
. de nous suivre sur les réseaux sociaux
. de vous inscrire gratuitement comme membre du site : www.awakemyenergy.com/membres
A bientôt, prenez bien soin de vous!
Anne
Comments